Je respecte les animaux que je mange.

Ce respect-là, dont il est fait si grand usage et que l'on invoque si facilement, est purement abstrait, car il ne concerne que la disposition mentale du dominant, son attitude psychologique, et n'entraîne quasiment aucune conséquence dans la pratique, aucun changement dans les actes.

Cela explique fort bien pourquoi, lorsque l'on parle du fait de manger des animaux, tant de gens trouvent spontanément moyen de placer dans la conversation que, eux, ils se sentent proches de cette sensibilité, de ce respect qu'avaient les Indiens d'Amérique, qui, lorsqu'ils assommaient, étripaient, piégeaient, pêchaient un animal, s'en excusaient aussitôt auprès de lui. Je vois très bien l'intérêt que les gens en Occident ont si souvent à s'en revendiquer : un tel respect n'engage strictement à rien, puisqu'il n'est qu'une simple attitude mentale, et particulièrement, ne change rien pour l'animal concerné ; par contre, il permet à l'oppresseur de garder bonne conscience, c'est-à-dire, en niant la domination (puisqu'il n'y a pas de mauvaises intentions !), de garder une image de lui-même valorisée. Ce respect reste platonique, et permet de maintenir l'essentiel : le fait de tuer l'animal (Yves Bonnardel)

http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article76

 

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