Le végétarisme nous interroge. Le végétarisme remet en question nos habitudes, nos traditions, nos conditionnements, notre rapport aux animaux non-humains et au monde. En France, les alimentations végétales sont encore mal connues. Elles suscitent de plus en plus l’intérêt, mais aussi l’étonnement, le scepticisme voire les sarcasmes. De même, la réflexion sur l’éthique animale est en retard. De là les malentendus, les crispations et parfois le rejet.
VEGFAQ répertorie donc les questions, les idées reçues, les objections les plus courantes au mode de vie végétarien et souhaite y apporter des éléments de réponse à l’usage de tous. Ces pages collectent et sélectionnent les données, les arguments, les exemples formulés au fil des ouvrages et sur les sites, blogs et forums dédiés. VEGFAQ est donc loin d’être un travail original et nous rendons hommage à ceux, connus ou anonymes, dont on s’inspirera largement. Nos principales sources sont présentées dans les rubriques Liens et Bibliographie. Si certains ont été oubliés qu’il veuillent bien nous pardonner. Merci à Fabicha, Synae, V3nom et Yola pour leurs contributions.
Le végétarien exclut de son alimentation les produits et sous-produits des animaux morts, tels que la viande, le poisson, la gélatine et la présure animale (prélevée sur l’estomac des veaux et des agneaux morts pour fabriquer la majorité des fromages en France). Il consomme des produits d'origine animale tels que les œufs et le lait.
Le végétalien exclut de son alimentation l’ensemble des produits et sous-produits animaux : viande, poisson, mais aussi œufs et produits laitiers.
Le vegan cherche à exclure, autant qu'il est possible et réalisable, toute forme d'exploitation et de cruauté envers les animaux, que ce soit pour se nourrir, s'habiller ou pour tout autre but. En pratique, le vegan exclut de son alimentation tous les produits et sous-produits d’origine animale (viande, poisson, gélatine et autres dérivés, lait, œufs, miel et produits de la ruche). De même, il ne porte ni cuir, ni laine, ni soie et n’utilise pas de cosmétiques et autres substances testées sur les animaux. Le vegan se prononce également contre l’usage des animaux à des fins de divertissements (corrida, chasse, pêche, cirques, zoos).
La consommation routinière de produits issus de l’exploitation animale n’est rendue possible qu’au prix d’une industrialisation des filières d’élevage qui malgré l’imagerie champêtre des communicants, est aujourd’hui la norme : en France, 80% des animaux sont élevés en batteries. Il est scientifiquement établi que les animaux sont des êtres sensibles et conscients (réaffirmé par la Déclaration de Cambridge en 2012), le Code Rural lui-même leur reconnaît ce statut. Pourtant, ils font toujours plus cruellement les frais de nos goûts et habitudes alimentaires.
Difformes à force de sélection génétique, entassés dans un univers concentrationnaire, affectés par diverses pathologies (physiques et comportamentales), mutilés (écornage, rognage des dents, coupe des queues, épointage des becs, dégriffage, castration), poussins jetés vivants à la broyeuse: la conduite de l’élevage, les intérêts financiers de la filière et l’appétit des consommateurs seuls comptent.
A l’issue de transports longs et éprouvants (faim, soif, chaleur, froid, manipulations brutales), l’horreur des abattoirs est la destination finale de tous les animaux, quel que soit le type d’élevage ou la bonne volonté de l’éleveur. Nombre d’entre eux mourront avant même l’abattage (25% des lapins, 20% des cochons).
Au delà de la nécessaire remise en question des pratiques indignes et généralisées des "productions animales" modernes, le végétarisme éthique pose que les intérêts fondamentaux d’êtres conscients et sensibles (ne pas être tué, ne pas être maltraité, pouvoir développer les comportements spécifiques à l’espèce) ne sauraient être ignorés et subordonnés aux intérêts de l’espèce humaine.
L’élevage était responsable en 2006 de 18% des émissions annuelles des gaz à effet de serre dans le monde (rapport de la FAO) soit plus que l’ensemble des transports réunis. Si les méthodes de calculs et chiffres divergent, les productions animales sont de toute évidence parmi les plus gros contributeurs aux émissions de gaz à effets de serre (dioxyde de carbone, méthane, oxyde d’azote). Les alimentations végétales permettent de diviser par 10 ou plus encore notre empreinte carbone.
L’accès à l’eau sera un des principaux enjeux du XXIe siècle. La production d’aliments d’origine animale nécessitant de 2 à 8 fois plus d’eau (cultures fourragères et abreuvement du bétail), la consommation de viande apparaît comme un inutile accaparement d’une ressource aussi précieuse que limitée. Une journée de végétalisme en France représente une économie de 5400 litres d’eau (à titre de comparaison remplacer une douche par un bain économise 150 litres).
Par ailleurs les productions animales sont parmi les industries les plus polluantes : déchets animaux (contamination des nappes phréatiques), antibiotiques, hormones, engrais et pesticides utilisés pour les cultures fourragères, rejets massifs de nitrates (algues vertes), phosphore, ammoniaque (pluie acides). En Bretagne, la population d’animaux d’élevage produit au minimum l’équivalent de la pollution organique de 60 millions d’habitants (soit les excréments de la population française répandus sans traitement sur le sol breton).
L’élevage est le principal responsable de l’accaparement des terres arables (70 % des terres agricoles et 30 % de toute la surface de la terre) et de la déforestation (2,4 millions d’hectares pour le seul Brésil). L’Europe importe massivement de la viande bovine d’Amérique du Sud et l’élevage français est fortement dépendant aux tourteaux de soja importés (souvent OGM): notre consommation de viande est donc à double titre impliquée dans un désastre écologique sans précédent (émissions de GES, forte perturbation du cycle de l’eau, destruction de la biodiversité végétale et animale, épandage massif de phytosanitaires, érosion, compaction et mort des sols, inondations, désertification).
Les problématiques liées à la consommation de poisson (pêche ou élevage) ne sont pas moindres : impact désastreux de la pêche au chalut, filets dérivants et abandonnés, surpêche, prises accessoires, victimes collatérales (tortues, mammifères marins…), consommation d’énergie fossile (en moyenne 3,4 litres de carburant sont nécessaires pour 1kg de poisson) ; rejets d’antibiotiques et autres polluants, accaparement d’espace, pêche destinée à nourrir les poissons d’élevage.
En tant que grande importatrice et exportatrice de produits agricoles, la France a un rôle de premier plan à jouer dans l’évolution des pratiques. Si en tant que consommateurs nous ne pouvons bien-sûr pas tout résoudre, nous avons une réelle prise sur nos propres choix qui orientent l’appareil productif. Agissons à notre niveau et envoyons un signal fort aux filières incriminées et à nos décideurs !
En 2010, la FAO estimait à 925 millions le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde et la tendance est à la hausse. Les conséquences sont dramatiques: mortalité accrue (notamment infantile), maladies, tensions politiques et conflits armés.
L’élevage accapare directement ou indirectement 70% des terres agricoles mondiales et pas moins de 30% de l’ensemble des terres disponibles. 35,5% du volume des céréales produites dans le monde sert à nourrir les animaux d’élevage. En d’autres termes, le grain du pauvre nourrit la vache du riche.
En France, les deux-tiers des terres agricoles sont destinées à l’alimentation animale (pâturages et cultures fourragères). Pour produire 1kg de viande de boeuf 10kg de protéines végétales sont nécessaires. Le coefficient de conversion des productions animales est donc médiocre. Ainsi un bœuf de 800kg fournit une carcasse de 308kg dont seuls 30 à 40 % sont consommables (source CIV).
Par ailleurs, pour nourrir son bétail, la France importe des tourteaux de soja (Brésil, Argentine), contribuant ainsi à la déforestation de l’Amazonie et aux problèmes sociaux liés: expropriation des petits paysans et des peuples indigènes, exode rural, paupérisation, culture d’exportation au détriment des cultures vivrières.
D’autre part les productions animales européennes et françaises sont grassement subventionnées : aides directes (européennes et nationales), subventions à l’exportation, subventions pour la promotion publicitaire, aides indirectes (sous-tarification de l’eau, pollutions et dommages écologique, surcoûts de santé pris en charge par la collectivité). L’ensemble de ces dispositifs contribuent à maintenir l’illusion d’une viande bon marché pour le consommateur européen et pipent les dés des échanges internationaux au détriment des petits producteurs du Sud.
Il ne s’agit pas de dire qu’un monde où les alimentations végétales seraient devenues majoritaires, aurait de ce fait résolu la problématique de la fin dans le monde. Celle-ci relève de toute évidence de la géopolitique de l’alimentation (spéculation et dumping agricole, agrocarburants…). On comprend dès lors que les choix de consommation personnels même s’ils sont absolument nécessaires, ne sont pas suffisants à la résolution de questions complexes dans le cadre d’une économie mondialisée. C’est ici que l’action individuelle doit pouvoir trouver des moyens d’expression et une articulation politique dans le cadre d’une convergence des luttes.
La surconsommation actuelle de produits d’origine animale est directement impliquée dans les maladies dites de "civilisation" qui sont les principales causes de mortalité en occident : cancers (colo-rectal, prostate), maladies cardio-vasculaires, hypercholestérolémie, obésité, hypertension, ostéoporose, diabète de type 2, rhumatismes inflammatoires (goutte), intolérance et allergie au lactose. Ainsi les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité en France et dans le monde.
D’autre part, les modalités d’élevage (animaux confinés en grand nombre, variabilité génétique très pauvre, croissance trop rapide), forment des terrains favorables à l’émergence et à la propagation de pathogènes tels que listeria, salmonelles, campylobacters, E. Coli. Ainsi, selon la FAO, les trois-quarts des nouveaux pathogènes ayant affecté les humains dans les dix dernières années, proviennent des animaux ou des produits animaux. Par ailleurs l’usage important d’antibiotiques contribue à l’antibiorésistance.
Considérant que l’exploitation des êtres sensibles n’est ni nécessaire ni souhaitable, que les productions animales ont un impact considérable sur l’environnement, les inégalités Nord-Sud et la santé publique, le végétarisme et plus encore le véganisme, sont des formes de consomm’action, des positionnements éthiques et politiques au quotidien, où chaque acte de consommation est porteur de sens et d’espoir pour les animaux, les humains et la planète.
Rapport de la FAO : Livestock’s Long Shadow
Rapport de la FAO : The Spectrum of Malnutrition
Rapport de l’UNEP : Assessing the Environmental Impact of Consumption and Production
Rapport de la WWF : Vers plus d’indépendance en soja d’importation pour l’alimentation animale en Europe