Je respecte votre choix, respectez donc le mien.
Les questions d’éthique ne peuvent être réduites au seul choix individuel. Le meurtre, la maltraitance, les actes de cruauté sont exercés à l’encontre d’un tiers (l’animal). On ne peut se contenter de respecter un « choix » qui consiste à maltraiter et mettre à mort des êtres sensibles. Cela revient à dire : « je respecte votre choix de ne pas battre votre femme ou vos enfants, alors respectez le mien ».
Ce type de « respect » personnel, invoqué comme réciprocité, est purement rhétorique. Il n’engage à rien et relève d’une posture permettant d'esquiver le débat et de ne pas prendre en considération la problématique éthique tout en faisant bonne figure et, en apparence, preuve d’un bon état d’esprit. Il s’agit, dans le même mouvement, de disqualifier l’argumentaire militant, pourtant cohérent, au nom « des goûts et des couleurs ». Il est d’autant plus malhonnête d’en appeler au « respect » quand, bien souvent, l’interlocuteur aura au préalable cherché par tous les moyens à ridiculiser la prise de position végétarienne.
La consommation de viande est rarement un choix conscient. On en mange par goût, par commodité, par habitude, par tradition. Il s’agit d’un conditionnement culturel subi et entretenu (éducation, médias, pression sociale). Dans une société carniste, l’individu mange de la viande par défaut. À l’inverse, le végétarisme est bel et bien un choix réalisé en toute connaissance de cause et répond à une prise de conscience des enjeux (éthiques, écologiques, de santé…) souvent occultés.
L'argumentaire pro-viande est la plupart du temps peu documenté, incohérent avec la morale habituelle, voire totalement subjectif (les goûts et les couleurs). Il s’agit moins d’arguments que de justifications a posteriori d’un état de fait dont on tire avantage.
Chercher à informer, à mettre en lumière la réalité de l’exploitation animale et l’impact des pratiques alimentaires, c’est donner au public les moyens de faire un choix conscient. C’est faire véritablement preuve d’honnêteté et de respect. Un véritable choix est un choix éclairé. Ainsi, comment pourrait-on réellement choisir de ne pas être végétarien lorsque l’on est si peu au courant des tenants et aboutissants du végétarisme ? À l’inverse, comment pourrait-on choisir de manger de la viande sans être au fait des méthodes de production et d’implantation de l’industrie agroalimentaire ou des conditions de vie des animaux exploités ?