Pourquoi devrions-nous tenir compte des animaux ?

Étant établi que les alimentations végétales sont adaptées à tous les âges de la vie (Association Américaine de Diététique) et que les animaux non-humains sont des êtres sensibles et conscients (Déclaration de Cambridge), la question de la prise en considération de leurs intérêts propres se pose avec urgence.

La problématique est double. D’une part, qu’est-ce qui justifie moralement les souffrances infligées aux animaux non-humains, et plus largement l’appropriation de l’ensemble de leurs fonctions biologiques au profit de l’être humain ? Rien. D’autre part, sur quelle base attribuer des droits inaliénables aux humains et dans le même temps les refuser aux non-humains ? L’arbitraire.

L’ignorer est commode et évite une remise en question d’un ordre établi et des privilèges dont nous jouissons en tant qu’humain. Évacuer la question au mépris de la morale et de l’idée de justice communément admises autant que des éléments apportés par la biologie, l’éthologie et la philosophie morale modernes est un manque de rigueur inacceptable.

Le statut d’objet ou de « bien meuble » n’est plus compréhensible alors que la notion cartésienne de l’animal-machine apparaît clairement obsolète. De fait les animaux non-humains peuvent aujourd’hui envisager de devenir des sujets de droit, des patients moraux, au même titre que les enfants ou les handicapés (statut de « personne non-humaine » accordé aux dauphins par l’Inde).

Au cours de l’histoire, l’élargissement de la sphère de la considération éthique aux individus discriminés sur leur couleurs de peau, genre, identité sexuelle, s’est réalisé par l’identification, la déconstruction et le dépassement de mécanismes d’exclusion en tout points similaires à ceux qui fondent le primat de l’être humain sur les autres êtres sensibles.

La recherche philosophique d’un propre de l’homme est une impasse fondée sur des modes de pensée hérités et largement démonétisés par l’éthologie, les neurosciences et la biologie moderne. La « raison » ne peut être un critère de discrimination pertinent (que faire dans ce cas des handicapés mentaux, des enfants en bas-âge ?) . Le seul critère pertinent  est le fait d’avoir une existence mentale, la capacité de ressentir et traiter des états affectifs complexes (souffrance, plaisir, désirs, émotions…). En d’autres termes, le fait d’être sujet-d’une-vie (selon la formule du philosophe Tom Regan). Les sciences modernes (et le simple bon sens) montrent que les animaux humains et non-humains ont en commun les critères qui importent quant à l’attribution d’un statut moral (sensibilité, conscience, désirs). La discrimination selon l’espèce est donc tout aussi arbitraire que la discrimination selon la couleur de peau, car relativement aux critères qui définissent un patient moral, on ne trouve pas plus de différence entre les hommes blancs ou noirs, qu’entre les animaux humains et non-humains.

http://blog.l214.com/2013/08/16/reponse-a-daniel-bernard

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