Le Programme National Nutrition Santé (PNNS) déconseille le végétarisme.
Le Programme national nutrition santé est publié depuis 2001 par l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa, aujourd’hui Anses). Définissant les objectifs de santé publique sous la forme de notions facilement applicables, il est au départ destiné aux médecins généralistes et aux industries agroalimentaires, mais communique également auprès du grand public à travers le site mangerbouger.fr.
S’il admet la possibilité du végétarisme (à condition d’augmenter sa consommation d’œufs et de produits laitiers), il déconseille le végétalisme et ne donne aucun conseil aux végétaliens pour éviter les supposées « carences » contre lesquelles il met en garde. Catégories nutritionnelles obsolètes, approximations voire désinformation (soja), le PNNS présente des biais évidents tendant à imposer le modèle alimentaire dominant au profit des industries agroalimentaires (filières viande et laitière).
Pourtant, son rôle est d’apporter des conseils nutritionnels adaptés à tous. À l’inverse, les institutions équivalentes au Royaume Uni, aux États-Unis, au Canada ou en Belgique ne portent aucun jugement négatif sur les alimentations végétales. L’ADA, seule à fournir une revue systématique de la littérature scientifique sur le sujet, leur est nettement favorable. Toutes les institutions autres que le PNNS admettent que le végétarisme est possible sans difficulté (l’ADA et la British Nutrition Foundation proposent même des conseils diététiques spécialement adaptés aux végétariens et végétaliens).
Le PNNS est dans le monde la seule institution qui utilise la catégorie « viande, poisson, œuf ». Les institutions européennes ou mondiales équivalentes utilisent la catégorie des « aliments riches en protéines » (incluant donc également les légumes secs, soja, oléagineux).
Le PNNS recommande de consommer « une à deux fois par jour » des aliments de la catégorie « viande, poisson, œuf ». Autrement dit, il valide le niveau de consommation actuel français pourtant jugé excessif par de nombreuses études médicales extérieures à l’Hexagone.
Les institutions étrangères équivalentes intègrent dans leurs recommandations les sources non laitières de calcium. Ainsi, selon l’école de santé publique de Harvard : « le calcium est important, mais le lait n’en est pas la seule source, ni la meilleure ».
Le PNNS est la seule institution qui recommande de consommer jusqu’à 4 laitages par jour. Le ministère de l’agriculture américain, la British Nutrition Foundation et le ministère de la santé canadien en recommandent trois (ou des alternatives non laitières). Le PNNS belge en recommande 2 ou 3 (ou des alternatives non laitières), l’école de santé publique de Harvard recommande de ne pas dépasser deux produits laitiers (et de préférer les alternatives non laitières).
La distinction proposée par le site mangerbouger.fr entre « glucides complexes » qui seraient assimilés lentement et « glucides simples » qui seraient assimilés rapidement n’a aucune pertinence. Le PNNS est la seule institution qui utilise ces notions obsolètes. L’école de santé publique de Harvard et l’ADA utilisent plutôt la notion d’index glycémique (IG). Le PNNS conseille les céréales complètes mais ne déconseille pas les aliments transformés à IG élevé, comme les biscottes, les biscuits ou les céréales pour petit déjeuner. Au contraire, il les conseille au même titre que certaines confiseries !
Le PNNS déconseille le soja aux femmes allaitantes au motif que les « phyto-oestrogènes » qu’il contient passent aussi dans le lait maternel. « Même si aucun effet indésirable n’a été observé jusqu’à présent chez l’Homme, il vaut mieux éviter la consommation d’aliments à base de soja ».
Cette extrême prudence à l’endroit du soja disparaît pour d’autres aliments. Les isoflavones du soja (trompeusement appelés phyto-oestrogènes) ont une activité oestrogénique extraordinairement faible, détectable uniquement in vitro. En revanche, les hormones contenues dans le lait de vache sont de véritables hormones ayant de vrais effets, détectables in vivo. Pourtant, le PNNS ne déconseille pas la consommation de laitages ou de lait maternisé à base de lait de vache aux femmes allaitantes et aux jeunes enfants.
Le mercure contenu dans certains poissons pêchés est dangereux non pas de manière hypothétique et indétectable, mais absolument certaine et mesurable, notamment pour le système nerveux en construction d’un jeune enfant. Pourtant, le PNNS ne déconseille pas la consommation de ces poissons. Il fait même des poissons gras (les plus à risque pour ce qui est du mercure) une source intéressante de vitamine D pour la femme enceinte.
http://www.dietethics.eu/fr/nutrition/recommandations-nationales.php