Et le poisson d'élevage ?

La pisciculture est aujourd'hui une industrie tout à fait similaire à celle des poulets de batterie et cause bien plus de victimes que l’ensemble des élevages terrestres. Les conséquences sur le bien-être des poissons comme sur l'environnement sont dramatiques.

Les œufs sont retirés des corps des femelles et mélangés à la semence des mâles ; les alevins grandissent dans des écloseries d’eau douce pendant 12 à 18 mois, après quoi ils sont transférés dans d’immenses radeaux composés de cages flottant dans la mer ou dans des lacs, chaque cage contenant des milliers de poissons ; le transfert soudain en eaux salées est un tel traumatisme qu’entre 15 et 50% d’entre eux meurent.

Il faut se figurer un poisson de 60 cm ou 27 truites d’une taille de 30 cm évoluant leurs vies durant dans une baignoire. La frustration due à la promiscuité extrême se traduit par une agitation continuelle. Les blessures à la gueule et aux nageoires sont fréquentes, généralement causées par le frottement contre les filets ou les parois, ou par les collisions ou agressions entre poissons. Ils sont nourris avec des boulettes délivrées par des distributeurs automatiques. Selon les espèces, les aliments sont composés de 40 à 50% de farine de poissons, 10 à 20% d'huile de poissons et de 20 à 35% de plantes protéagineuses et de céréales, de compléments minéraux et vitaminiques. On estime qu’il faut entre 2,2 et 6 tonnes de poissons pêchés pour produire une tonne de poissons d’élevage. La compétition pour la nourriture entraîne agressions, morsures et même cannibalisme.

Comme pour tout autre élevage intensif, le manque de variabilité génétique, la promiscuité et le stress intense génèrent de nombreuses pathologies : septicémies, infections de la peau ou des ouïes, maladies bactériennes, nécroses pancréatiques infectieuses. Les affections bactériennes ou virales peuvent en outre contaminer les populations sauvages. Les poissons et les cages sont désinfectés à l’aide de produits très agressifs (chloramine, formol, antibiotiques, puissants pesticides) hautement nocifs pour la vie marine.

Des élevages entiers ont été décimés en France pendant les grandes chaleurs de l’été 2003. On estime qu’aujourd’hui ce sont plus de dix millions de poissons d’élevage qui souffrent et meurent chaque année de maladies et d’infection de poux de mer, soit entre 10 et 30% des populations.

Alors que les poissons pourraient vivre entre 10 et 20 ans, ils sont abattus entre 10 mois et 2 ans. Avant l’abattage, les poissons sont forcés de jeûner plusieurs jours, jusqu’à parfois plus de trois semaines (afin d’éliminer des surplus de graisse ainsi que les antibiotiques, soit tout simplement pour économiser la nourriture).

La mise à mort peut s'opérer de différentes manières : laissés à suffoquer dans des casiers à glace (prolongeant l'agonie pendant plus d'un quart d'heure) ; électrocutés dans de grands réservoirs ; tués d’un coup sur la tête (il faut alors souvent s'y reprendre à plusieurs fois) ; branchies coupées ou arrachées.

D'après: Poissons. Le carnage.

 

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