Les plantes souffrent elles aussi (ou le cri de la carotte).

Sous-entendu : le fait (non prouvé) que les végétaux seraient dotés de sensibilité et / ou de conscience établirait qu'il est absurde de faire intervenir des considérations éthiques dans nos choix alimentaires.

On prend rarement la mesure d'une telle assertion qui va à l'encontre de données fondamentales de la biologie moderne. De la même manière cette affirmation n'est jamais assortie d'applications pratiques (la seule option logique serait un régime frugivore). Aucune donnée sérieuse n'étayant à ce jour cette affirmation, il est évident qu'une telle objection relève de la reductio ab absurdum, permettant d'esquiver le questionnement éthique. N'importe qui peut instinctivement faire la différence entre une carotte et une vache et la plus grande mauvaise foi ne suffit pas à mettre sur un même plan la mise à mort d'un animal et la récolte d'un légume (la langue même établit des distinctions évidentes).

Il y a là une reprise du classique sophisme du pire : les alimentations végétales et le mode vide vegan ne permettant pas d’éviter absolument toutes les souffrances, on peut donc sans plus de considérations occasionner d’autres maux (ou : comme il existe pire que X, il est acceptable de continuer à commettre X tant que pire que X n'a pas été résolu). Si l'on entreprenait des actions visant à soulager la souffrance des humains uniquement dans la perspective d'un résultat immédiatement idéal, aucune entreprise humanitaire ou sociale ne serait à vrai dire possible. Ce raisonnement qui n'est généralement pas tenu sérieusement, va à l’encontre de tout système moral et des fondements même de nos sociétés. S’il est impossible d'éviter absolument toutes les souffrances, nous devons nous efforcer d'éviter autant que faire se peut celles que nous occasionnons directement et sur lesquelles nous avons une prise directe.

Toutefois, si l'on considère honnêtement les plantes comme sensibles et conscientes et que l'on se soucie véritablement de leur sort, les alimentations végétales restent encore le meilleur calcul. En effet, 5 à 10g de protéines d'origine végétale étant nécessaire à la production d'1g de protéines d'origine animale (alimentation des animaux d'élevage), en consommant directement et uniquement des végétaux, on divise par 5 ou 10 la quantité de végétaux sacrifiés et d'autant la somme de souffrance végétale générée.

On observe chez les végétaux une absence de centralisation et une autonomie des partie entre elles (qui rend aisément possible les boutures). De ce fait, et contrairement aux animaux, la notion d'individualité est très difficile à établir chez les végétaux. En l'absence de système nerveux central, qu'est-ce qui souffrirait chez une plante : chaque feuille ? Considérant une plante et ses rejets, on peut se demander où se trouverait l'individu conscient, qui souffre et à partir de quel stade de développement.

L'observation de réactions en chaînes en réponse à des stimuli n'autorise en rien à postuler une conscience chez les plantes qui centraliserait et traiterait les informations de manière analogue aux animaux. C'est par anthropomorphisme que nous associons conscience et sensibilité à la notion de vie. En tant qu'animaux, notre rapport au monde nous rend difficilement imaginable une vie végétative. De même chez les animaux, les processus respiratoire et digestif ne sont pas conscient et des individus dans le coma (ou même décérébrés) vivent, montrant la possibilité d'une vie végétative, non consciente. Les processus observés chez les végétaux ne nécessitent a priori pas plus de conscience qu'il en faut aux animaux pour respirer, digérer, cicatriser, coaguler et guérir indépendamment de la perception de la douleur.

De fait, aucune espèce végétale n'est dotée de quoi que ce soit d'approchant un système nerveux. Peur et douleur sont des signaux qui pousse l'animal à réagir à son environnement (fuite, défense...). C'est un avantage évolutif pour un être mobile qui a la possibilité de se soustraire au danger. Chez une plante immobile, sensibilité et conscience ne seraient d'aucune utilité et serait même contre-productives : ne pouvant se soustraire au danger, quel serait l'intérêt de percevoir une douleur sans pouvoir y remédier ?

http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article40
http://lesquestionscomposent.fr/pour-en-finir-avec-le-cri-de-la-carotte/

 

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